Des nains sur des épaules de géants
Nous sommes comme des nains sur des épaules de géants. Nous voyons mieux et plus loin qu’eux, non que notre vue soit plus perçante ou notre taille plus élevée, mais parce que nous sommes portés et soulevés par leur stature gigantesque ». Nous sommes en 1120. La phrase que Bernard de Chartes aimait répéter à ses élèves est bien connue. C’est d’ailleurs, au-delà du titre de l’ouvrage qui reprend son début, par elle que commence ce livre écrit à quatre mains et dédié à la longue et complexe histoire de l’enseignement au Moyen Âge et au rapport entre maîtres et élèves. Cette histoire est centrée sur l’ambiguïté contenue dans l’expression de Bernard, ambiguïté entre un héritage antique que le Moyen Âge n’a jamais oublié – la découverte du savoir antique n’est donc pas l’apanage des humanistes de la Renaissance italienne – mais qu’il a souvent, notamment à travers la scolastique, mis au service de la Révélation chrétienne ou alors écarté lorsque ce savoir rentrait trop en contradiction avec la vérité révélée.