Dan Yack William, richissime Anglais, fêtard célèbre que tout Pétersbourg envie, trouvera un sens à l'absurde destin qui est le sien dans un bar mal famé où il s'endort ivre mort sous une table. A cette même table un poète, un musicien et un sculpteur échangent, désabusés, des propos sur l'art et la vie, qui parviennent aux oreilles du dormeur. C'est ainsi que surgit l'idée folle de Dan Yack : emmener ces trois hommes au bout du monde, jusqu'au Pôle sud, sur l'un des baleiniers de la firme William and William et expérimenter avec eux le jusqu'au boutisme de l'art à son paroxysme d'engagement et de tension. Seul survivant de la folle équipée où ses compagnons ont sombré dans la mort ou la folie, Dan Yack, quittant l'îlot Struge, se lancera dans une nouvelle entreprise tout aussi extrémiste : il fondera Community-City (711 habitants, dont zéro femme). Puis, un jour, terriblement las de gagner de l'argent, il abandonnera son idéal social en même temps qu'il reniera son principe de chasteté absolue. L'ancien amant d'Edwiga se remettra à aimer. Sans espoir, puisque la nouvelle idolâtrée n'est autre que la jeune femme de son associé... Toute l'oeuvre de Cendrars, avec sa constante de vitalisme e¬erbé, peut se diviser en deux grandes parties et la division passe entre la première et la seconde partie de Dan Yack. Entre le Plan de l Aiguille (qui n'apparaît pas, un sommet des Alpes savoyardes, quelque part entre Saint-Gervais et Chamonix) et Les Confessions (où le Plan de l'Aiguille est omniprésent). La première partie étant une véritable explosion cosmique, avec retombées, hors de l'auteur lui-même, comme si l'être profond cherchait dans son jaillissement à rejoindre les limites du monde, à s'écarteler sur la roue du temps, tandis qu'ensuite, et l'aboutissement en seront les grandes chroniques autobiographiques de l'après-guerre (Bourlinguer, L'homme foudroyé, etc.), il s'agira de ramener à soi ce monde entier, peu à peu foulé, habité, investi par le travail de l'écriture et la conscience de l'écrivain.