Depuis que le monde est monde, il y a eu des gens pour aimer dire des histoires et d'autres pour les écouter. Certains conteurs en ont même fait profession : aèdes grecs, bardes celtes, scaldes nordiques ont chanté les héros et les dieux de si belle façon que leurs oeuvres sont parvenues jusqu'à nous, celles du Grec Homère au premier rang. Mais, pour charmer un auditoire, il n'est pas que poèmes épiques. Dans le même temps s'est transmise oralement de génération en génération une somme de récits où s'illustrent la malice ou la bonté, la ruse ou la sottise de tout un chacun. Souvent assortis d'une morale moralisante ou simplement pratique, ces récits constituent ce que les spécialistes appellent le folklore : la tradition populaire, le « trésor des contes ». Henri Pourrat n'a pas été le premier à tenter de les réunir. En 1697, Mme d'Aulnoy a publié Les Contes de fées en même temps que Charles Perrault ses Histoires et contes du temps passé, que suivirent les Contes de Mme Leprince de Beaumont. Les Contes (allemands) des frères Grimm ont paru en 1812-1813. Les Contes (flamands) du Roi Cambrinus de Charles Deulin plus récemment encore. Comme ils ont pour thème les travers et les qualités des hommes rien d'étonnant si d'un pays à l'autre l'aventure reste la même et seul change le nom du héros et le style du récit. L'originalité de Henri Pourrat réside là : il restitue le ton inimitable du conteur paysan à la veillée dans ce choix où la légende célèbre côtoie d'autres récits moins connus mais aussi savoureux.