Cher ami
Publiée pour la première fois en 1954, cette correspondance s’étend de 1913 à 1921. Elle rassemble les lettres que Marcel Proust a écrites à son ami d’enfance René Blum (frère de Léon), à l’éditeur Bernard Grasset et à Louis Brun, son éditeur dans la maison. Dans la première partie, l’écrivain prend contact avec Grasset, le convainc de publier, à compte d’auteur, le premier volume d’A La recherche du temps perdu, essaie d’orchestrer sa promotion, de « provoquer » articles et publicité. Dans la seconde partie du volume, Marcel Proust a quitté Grasset pour la N.R.F où il pense que son livre pourra trouver plus facilement le public « qui lui convient. »
Ces lettres passionnantes, l’auteur de l’édition, Léon Pierre-Quint, revient sur le contexte dans lequel elles ont été écrites, relate histoires et anecdotes de la vie littéraire. Ainsi apprend-on que Marcel Proust a signé le service de presse du Côté de chez Swann dans son lit, a été « snobé » par la presse et que les rares articles à avoir vanté le livre étaient le fait de ses amis, Lucien Daudet et Jean Cocteau en tête.
Cet ouvrage révèle les dessous de la publication d’A La recherche du temps perdu, mais rappelle aussi combien il a été difficile à Proust d’imposer son œuvre. On peut le traiter de stratège littéraire (la première édition du livre s’intitulait Proust et la stratégie littéraire), mais si ses lettres révèlent une chose, c’est que sa sensibilité le rendait incapable de cynisme et que, s’il travaillait à la promotion, c’était celle de son œuvre et non de sa personne.