meme nuit nous attend tous

Lamia Berrada Berca

meme nuit nous attend tous
(2012)
142 pages
Popularité
Popularité du livre : faible
Notes
Note globale
★★★★★
★★★★★
4.35
Note personnelle
★★★★★
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0

Après Kant et la petite robe rouge à la conquête de la liberté individuelle, Lamia Berrada-Berca explore le chant sombre et cruel des dictatures en une petite musique bouleversante de l’intime au prisme des pensées d’un fossoyeur et son épouse sage-femme, tous deux à la solde du dictateur.

Le grand intérêt de ce texte est la distillation dans une écriture très épurée d’un patrimoine littéraire et d’une réflexion profonde de l’auteur sur un thème qui lui tient à cœur depuis longtemps, devenu soudain d’une actualité brûlante.

Un roman construit comme une tragédie grecque antique dans lequel trois personnages suivent leur destinée faite de souffrance, sans espace, sans temps, sans couleur, sans saveur… Et pourtant, l’espoir germe sur le terreau du désespoir.

L’auteur nous plonge dans la noirceur de la dictature, sans respiration possible, à la manière d’un Henri James (cf. Le tour d’écrou) avec le détachement narratif d’un Georges Pérec (cf. W ou le souvenir d’enfance) dans un monde à la Edmond Jabès (cf. Le Livre des Questions).

Petit plongeon au cœur des ténèbres… :

«Au début du commencement, je le dis, l’âme du diable c’était lui,- si tant est que le diable en ait une.

Face noire. Décidée à empêcher le bonheur d’advenir nulle part ici.

Moi, le fossoyeur, j’ai appris à enterrer les morts depuis qu’il est arrivé. Qu’il s’est juché en haut à la tête de toutes choses.

Qu’il surplombe la face de nous tous, qui n’avons plus le courage de le regarder et voyons juste l’avenir s’enfuir du regard exsangue de notre âge effacé.

Je meurs chaque jour d’enterrer les morts sans même pouvoir les pleurer. On m’a donné une bêche mais je n’ai plus de larmes. Rien. Comme le pays. Aride et desséché.

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