Une folie très ordinaire T1 - Une folie très ordinaire
Christian Godard, le scénariste du Vagabond des limbes ou du Cybertueur, a mis la barre assez haut en visant par ailleurs un sujet bien bas. Il fonctionne sur le principe d'un scénario illustré par plusieurs dessinateurs. Sept points de vue différents sont ici convoqués au sein d'une sombre histoire de meurtres sériels survenus à San Francisco où l'on retrouve des victimes féminines éventrées dans un bain de sang. "L'affaire des tueurs aux vagins" vient de commencer et sème la psychose dans la population. Parmi ces différents protagonistes se dissimule le coupable, et c'est bien entendu au lecteur de démêler le vrai du faux, le crédible du fantasque. En dépit des apparences, cette série, qui confère d'emblée à l'homme le beau rôle, insiste plutôt sur une certaine conception et définition de la femme, qui se trouve dévoyée par notre bonne vieille société. Ainsi donc, quand bien même certain(e)s s'élèveraient contre le propos misogyne qui caractérise l'album, il n'est pas exclu que celui-ci contienne davantage de finesse que ce qu'en laisse supposer ces premières pages, parfois aux ficelles machistes un peu grosses, d'une série qui va s'étendre sur quatre volumes. Quand la folie devient aussi "ordinaire" que le mépris porté par certains membres caricaturaux du sexe fort envers celui dit "faible", on se doute que l'aliénation qui guette les mâles individus de cette noire saga ne sont certainement pas au bout de leurs surprises? ni de leurs peines ! --Frédéric Grolleau