Ultimes dialogues
Comme tous mes livres, voire même comme tous les livres, celui-ci s’est écrit tout seul. Nous tâchons, Ferrari et moi, que nos paroles jaillissent, à travers nous ou, qui sait, malgré nous. Nous ne parlons jamais en vue d’un objectif. Ceux qui ont parcouru le manuscrit nous garantirent que l’expérience était agréable. Fasse le ciel que nos lecteurs ne désapprouvent pas cette généreuse opinion. Dans le prologue d’un de ses « Songes», Francisco de Quevedo a écrit : Dieu te garde, lecteur, des longs préambules, et des mauvaises épithètes. - Jorge Luis Borges. Le dialogue avec Borges est une incursion dans la littérature même. Il permet d’être en contact avec l’esprit du littéraire. Borges lui-même m’avait affirmé qu’il voyait dans ces dialogues une forme indirecte d’écriture. Il continuait à écrire à travers les dialogues. Transcrivant les conversations j’eus la certitude que Borges, en conversant, prolongeait son œuvre écrite. À la magie de le lire correspond alors la magie de l’entendre. Outre l’éthique, la religion, le temps, la pensée littéraire, objets d’une attention permanente, Borges se livre à quelques exercices d’admiration (Yeats, Shaw, Whitman) mais peut aussi s’attaquer à certaine idoles (Valéry, Joyce). Mais par-dessus tout, ce qui ressort c’est l’esprit de Borges, garant de la profondeur de la rencontre avec lui-même comme avec la littérature universelle, à qui il consacra sa vie. - Osvaldo Ferrari
--Ce texte fait référence à l'édition
Broché
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