Trio
Dans la station balnéaire de Brighton, indifférents au tumulte du monde en cet été 68, trois personnages sont réunis pour les besoins d’un film dans l’esprit des « Swingin’ Sixties ». Talbot Kydd, la soixantaine, producteur chevronné, navigue entre les complications (réécritures sans fin du scénario, erreurs de casting, manigances des associés, défection de l’actrice principale) et se demande comment sortir du placard. Anny Viklund, jeune beauté américaine à la vie amoureuse chaotique voit réapparaitre son ex-mari, terroriste en cavale, et suscite l’intérêt de la CIA. Quant à l’épouse délaissée du metteur en scène, Elfrida Wing, autrefois saluée comme la « nouvelle Virginia Woolf » avec son premier roman, elle combat sa panne d’écrivain à grand renfort de gin tonic.
L’épigraphe de Tchekhov – « La plupart des gens mènent leur vraie vie, leur vie la plus intéressante sous le couvert du secret » – annonce le thème principal du roman : la duplicité. La simulation, composante essentielle dans la réalisation d’un film, s’insinue partout, dans la sphère privée comme dans la sphère publique : tromperie, vol dissimulé, adultère furtif et fausse amitié.
À travers ces trois personnages complexes et attachants, Boyd nous entraîne dans les coulisses où se trame le scénario imprévisible de nos vies secrètes, et nous livre un roman d’une allégresse contagieuse, dont la légèreté apparente n’est que la politesse de la tragédie.