Théodore, vierge et martyre - Tragédie chrestienne

Pierre Corneille

Théodore, vierge et martyre - Tragédie chrestienne
136 pages
Popularité
Popularité du livre : faible
Notes
Note globale
★★★★★
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3.14
Note personnelle
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La représentation de cette tragédie n’a pas eu grand éclat, et, sans chercher des couleurs à la justifier, je veux bien ne m’en prendre qu’à ses défauts, et la croire mal faite, puisqu’elle a été mal suivie. J’aurais tort de m’opposer au jugement du public : il m’a été trop avantageux en d’autres ouvrages pour le contre-dire en celui-ci...

Extrait de l'épitre de Pierre Corneille à la cour.

Cette épître, qui parut dans l’édition originale de Théodore, aborde de front son échec, en se concentrant sur un des points reprochés à la pièce, la supposée indécence liée à l’évocation du lieu de prostitution. Corneille montre que cet épisode, présent chez saint Ambroise, n’est pas condamnable d’un point de vue religieux, et il indique par ailleurs qu’il a utilisé tout son art pour atténuer l’effet que la représentation directe du lieu aurait pu produire sur l’esprit du spectateur. En revendiquant la nécessité d’un passage tiré d’un auteur reconnu y compris par saint Augustin, Corneille suggère en creux que ses détracteurs s’opposent non à l’histoire de Théodore mais à sa transcription scénique, et qu’ils s’attaquent finalement à l’art dramatique en général, auquel ils entendent demeurer résolument aveugles. Leur incapacité à tirer profit « du plus agréable et du plus utile des divertissements dont l’esprit humain soit capable », à laquelle les abandonne Corneille, est en effet au cœur des polémiques soulevées par la pièce, comme le montreront les attaques ultérieures formulées notamment par le prince de Conti et Nicole en 1666 et 1667, chacun dans son Traité de la comédie

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