Terminus Schengen
Mais où sont-elles ces racines et ces souches que vous avez toujours à la bouche ?
vous ne savez faire qu’une chose : couper, trancher, délimiter
vous avez réduit vos paroles à ce gazouillis d’un homme face à son écran
vous revendiquez tout le temps vos racines mais en réalité vous parlez aujourd’hui la langue de vos machines
et vous n’avez pas plus de racines que nous
et vous n’êtes pas moins nomades que nous, vous qui vivez toujours entre deux trains et deux avions, peuple des pas perdus et des tarmacs, peuple des bretelles des échangeurs et des ronds-points
et de cette grande affaire humaine dont on nous hache la forêt
– le peuple européen, il ne nous reste plus rien
que le tronc décharné
d’un peuplier
et l’écorce lacérée sur laquelle nous pourrons graver
les premières figures
d’un alphabet futur.