Sur les bords de la Gartempe
Il est un coin du Poitou dans lequel coule une rivière qui, tour à tour, prend des allures de torrent puis se pavane un peu plus loin comme une Loire paresseuse: elle s'appelle la Gartempe. Sur ses rives, j'ai rêvé et pleuré. Elle a vu mes baignades d'enfant, mes navigations d'adolescente, mes nostalgies de femme. Elle n'était que cris et rires et jeux d'eau du temps de Blanche et Lucie, elle fut fuite et refuge au moment du Cahier volé et devint synonyme de tendresse, de la vie qui passe doucement, banale dans les Enfants de Blanche. Me reviennent ici les parfums poivrés des herbes baignant sur ses bords, la fraîche odeur poissonneuse des soirs d'orage, le joyeux crépitement des larges gouttes de pluie rebondissant sur sa surface noire, le grand calme quand la neige a recouvert le paysage familier où ondule, dans l'immaculé silence, le sombre ruban. Gartempe !... Jolis souvenirs. "
Régine Deforges