Splendid's
Entre ciel et terre, au septième étage d'un hôtel de luxe, le Splendid's, sept gangsters rejoints par un policier en rupture de légalité, défient l'ordre public : ils ont enlevé dans les salons la fille d'un millionnaire américain et réclament une rançon. Dans un moment d'inattention, l'un des bandits a malheureusement serré de trop près l'otage qui a " succombé par erreur ". Pour sauver la situation et retarder l'assaut des forces de police, le chef de gang prend alors une résolution héroïque : il décide de faire lui-même une apparition, revêtu de la robe de bal de la jeune fille (éventail, dentelles, paillettes), sur les balcons du palace. Telle est la trame de cette fausse pièce policière qui vire avec le plus grand naturel du roman noir au numéro de travesti, oscille entre le drame métaphysique et le gag et, plus ouvertement que les autres oeuvres de Genet, est de part en part traversée par un rire. L'agent littéraire américain de Genet, Bernard Frechtman, eut dès 1949 une dactylographie de Splendid's entre les mains. Dans une lettre (en anglais) adressée à un éditeur de Grove Press, il écrivait le 12 mars 1953 à propos de la pièce : " Je l'avais lue avec enthousiasme et en avais parlé quelques jours plus tard avec Sartre à qui Genet avait donné un exemplaire. " Sartre était également enthousiaste et la trouvait encore meilleure que Les Bonnes.