Signes d'identité
L'industrie du design corporel s'épanouit. Le corps est devenu la prothèse d'un moi éternellement en quête d'une incarnation pour sursignifier sa présence au monde, pour adhérer à soi. Tatouage et piercings sortis de la marginalisation sont devenus les accessoires de la mise en scène de soi.
Partant du constat que le "corps marqué" a, depuis l'Antiquité, et dans les sociétés traditionnelles, été l'expression d'un parcours, d'un message et surtout d'une identité, David Le Breton montre comment l’Église s'est fortement opposée à cette pratique, mais aussi comment, après les marins et les soldats, la justice s'en est emparée comme d'une "marque infamante". Il étudie la façon dont le tatouage devient comme un langage de révolte jusqu'à aujourd'hui où le piercing est belle et bien une identité à fleur de peau qui concerne la jeunesse.
David Le Breton s'appuie sur une recherche de terrain pour analyser successivement : les marques corporelles dans les sociétés occidentales, le passage de la dissidence à l'affirmation de soi, la recherche d'une identité, les rites de passage, la naissance d'une culture.
Il s'intéresse à la différence en souffrance, douleur et plaisir sexuel qui restent liés à l'acte même du piercing. Il note enfin ce paradoxe selon lequel, si ce système de marquage régresse fortement dans les sociétés traditionnelles, il se développe de façon rapide et inventive dans le monde occidental nanti, et il s'interroge sur notre plaisir individualiste de vouloir modifier notre corps.
Extrêmement documenté, son livre fait le tour de la question, tant historique qu'anthropologique et philosophique, sur une mode nouvelle et en pleine expansion.