Quand le capitalisme perd la tête
Poursuivant le procès du libéralisme sans limites amorcé dans La Grande Désillusion, Joseph Stiglitz s’appuie cette fois sur son expérience de quatre ans en tant que conseiller économique principal du président Clinton pour répondre à une question centrale : comment, au tournant du troisième millénaire, est-on passé du prétendu « triomphe » du capitalisme à l’américaine – bien entendu surévalué et fondé sur des bases très incertaines, notamment l'effervescence boursière et tout ce qui s’ensuit (stock-options, tyrannie des actionnaires...) – à une chute retentissante ? Avec une clarté de propos remarquable et une attention constante aux mécanismes économiques les plus concrets, l’auteur aborde le phénomène de la bulle spéculative, la vague des déréglementations aux Etats-Unis – en particulier dans le domaine des télécommunications – et leurs conséquences, ou encore les scandales comptables, à commencer par le premier et le plus retentissant : le cas Enron. Fort de ses observations, Stiglitz esquisse les grandes lignes d’un « idéalisme démocratique », vision d’avenir fondée sur un juste équilibre entre le marché et l’Etat, et sur des valeurs telles que la justice sociale (égalité des chances, priorité à l’emploi) ou encore le droit du citoyen à l’information.