Puisque nous sommes vivants
Cela a dû commencer par de petites contrariétés, puis grandir jusqu'à emplir chaque jour d'angoisses de plus en plus fortes et finir par se développer en une pesanteur énorme ou bien un abysse vertigineux, de sorte qu'elle ne sentait plus le sol sous ses pieds. Voilà peut-être comment est né le livre d'Olivia Rosenthal. Un besoin inextinguible de hurler sur le papier ses souffrances. Mais avec le recul nécessaire à l'autodérision. Imaginez une simple lésion de la glande pinéale ou épiphyse si vous préférez le grec au latin. Dans tous les cas, un dérèglement glandulaire si proche du cerveau qu'il risque de transformer l'héroïne en un être sans passions, sans colères, sans rien de ce qui fait tout le sel de la vie, en un mot un légume. Après consultation de la science et du bistouri, prônant l'ablation radicale, l'héroïne décide alors de soigner elle-même sa pathologie. Se vider de tous les excès de contrariétés, de contraintes et d'insatisfactions qui ont pu entraîner ses mauvaises sécrétions glandulaires. Une aventure amoureuse avec une autre femme, un mari trop bon qui a disparu, mais cela n'est pas si simple. Il y a toujours une envie, une faiblesse ou la sonnerie du téléphone qui vous ramène au réel. Vif monologue intérieur ou explosion jubilatoire de sentiments contradictoires, le livre d'Olivia Rosenthal, très remarquée pour Mes petites communautés, est plein de bruits et de fureur rentrée. Et même lorsque soudain cesse le récit, on entend encore le bourdonnement de la vie. --Stellio Paris