Pensées étranglées (précéde de) Mauvais démiurge
Premier devoir, au lever : rougir de soi". "Je rêve d’une langue dont les mots, comme des poings, fracasseraient les mâchoires". "Frivole et décousu, amateur en tout, je n’aurai connu au fond que l’inconvénient d’être né". "Rien ne pourra m’ôter de l’esprit que ce monde est le fruit d’un dieux ténébreux dont je prolonge l’ombre et qu’il m’appartient d’épuiser les conséquences de la malédiction suspendue sur lui et sur son œuvre". Dans cet essai, Cioran réfléchit sur l’impossible conciliation entre l’idée de Dieu et l’omniprésence du mal. Malgré des pages très sombres, il conclut pourtant : "Nous sommes au fond d’un enfer dont chaque instant est un miracle". Une pensée d’une exigence radicale, entre désespoir absolu et humour ravageur. Ces deux textes sont issus de l’essai intitulé "Le Mauvais Démiurge" (NRF essais, 1969).