Notre dernière sauvagerie
La lecture est bien moins une façon de se retrancher du monde qu’une façon de l’affronter, bien moins l’activité civilisée et policée qu’on veut y voir que l’expression d’une forme de sauvagerie. Ce récit, où se mêlent un chaos intime au chaos du monde que traversent œuvres et lecteurs, en est la preuve.
Pendant trois ans, j’ai pris en photo les gens qui lisent dans le métro, parce que j’avais besoin d’un projet et d’un geste fort dans ma vie pour affronter une situation personnelle banale mais difficile, ma séparation d’avec le père de mes enfants, et une situation collective de violence sociale.
Ce texte est le récit de cette « aventure », à la fois petite sociologie impromptue de la lecture en milieux urbains et souterrains, histoire intime d’une femme qui (re)découvre la liberté et, au confluent des deux, réflexion sur la place du livre dans nos vies, hymne à cet objet magique dont j’ai voulu montrer le caractère politique.