Notre Dame du Vide est une « autofiction », une variation autobiographique, en 17 « mélodies », sur le thème de la vie de jeunes camés dans les rues de Los Angeles, à la fin du 20e siècle. Le titre, inspiré de la version originale (Pray to the Void) et d’allusions à Notre Dame de Guadalupe, sainte patronne du Mexique, suggère que la drogue est un substitut du divin (telle l’absinthe nommée au 19e siècle « Notre Dame de l’Oubli »). Avec courage, imagination, humour et sens du grotesque, O’Neill renouvelle, dans le décor archétypal d’un Hollywood écrasé de lumière, le mythe du junkie. Par petites touches, il décrit une « comédie inhumaine » où l’inhumanité de la vie des junkies est comme le reflet ténébreux de la vie tout aussi absurde des gens « normaux ». Tony s’expose, traque la réalité de l’expérience humaine et l’exprime dans une écriture d’une eÎptionnelle sobriété. Car sa prose est maigre comme un steak de bison, maigre comme les toxicos qu’elle met en scène. Elle va droit à l’essentiel avec une grande sûreté de main et une impressionnante économie de moyens. Résultat ? Un très vif plaisir de lecture.