Nirvana en BD
L’électricien Gary Smith a découvert le corps de Kurt. « I Hate Myself And I Want To Die »,
Cobain s’est préparé un dernier fix et s’est logé une bastos dans le crâne. Fusil de chasse.
Le 5 avril 1994, à ce qu’a estimé le légiste. Le fils de prolo d’Aberdeen, trou de balle de
l’État de Washington, bled pluvieux de bûcherons pisseurs de bière, avait pourtant
décollé au Nirvana quelques mois seulement avant la chute du Mur de Berlin.
Quand on croyait que tout était fini. Fukuyama (Francis de son petit nom) parlait de la
« fin de l’histoire », les Grands Épiciers se frottaient les mains. On allait faire de la planète
un putain de Wal-Mart géant et les majors du vinyle laveraient encore plus blanc que blanc.
Fin de l’histoire, mon cul.
Nevermind. La crasse des jeunes cons suicidaires d’Aberdeen, État de Washington,
allait te frotter les miches et t’en écrire un tout neuf de bath de chapitre, à l’Histoire…
On peut dire que ç’a commencé le 19 mars 1988, au Community World Theatre, Tacoma.
Après, Cobain et son grand Krist Novoselic, rejoints peu après par le batteur David Grohl,
en ont bousillé des grattes et des amplis, bouffé des chimiques Corn-Dogs, gerbé des seaux
de roteuse et hurlé comme des noyés le nom d’un déodorant pas cher (Teen Spirit)…
Ça et l’héro, c’était le paradis karmique du Christ grunge qui, après Marx, envoyait
chier la religion. Lithium du peuple. Mais surtout, Nirvana ça voulait dire : Va Te Faire Foutre,
Establishment de Mes Deux. Et puis, il y a Kurt et Courtney Love. La douceur et les explosions
de violence, les O. D. sous la douche, sur la banquette arrière, les maux
d’estomac qui te bouffent comme un singe enragé…Et puis… Et puis…
Mais Kurt Cobain et Nirvana, c’est avant tout l’un des rares avatars du
dieu de la Vie. Celle qui te file entre les doigts. Celle qui te fait hurler.
Celle qui te fait sentir la brûlure de l’amour.