Mère
On pourra toujours reprocher à Anne Geddes de ne pas se renouveler. Après Le Jardin des fées et Un monde d'enfants, voilà de nouveau la photographe livrant un album consacré à la mère. Plus précisément à la mère et au nourrisson. Elle a bien raison : la maternité se lit comme un éternel recommencement. Ici, avec Mère, il se fait dans la création, la procréation et la récréation. En noir et blanc et en couleurs, sur de pleines pages, tantôt usant de filtres aux tons gris, verts ou orangés, tantôt jouant de gros plans, larges ou semi-rapprochés, s'amusant des flous, des ombres, des silhouettes, des contours et détours des modèles. À l'image, se succèdent des mères de toutes les cultures dans une grossesse généreuse, des photomontages de nourrissons en position de f?tus repliés contre le ventre maternel, des petites têtes dans le creux d'une main, un bébé endormi lové dans les plis et replis de sa mère ou sur son dos, deux autres accolés. La maternité se veut aussi ludique. Et la photographe de suspendre alors des nourrissons dans un drap, de saisir ici des pieds, des jambes qui se croisent, un crâne écrasant un oreiller, un bâillement ou un étirement, un émerveillement et un sourire, la complicité instinctive de jumeaux? La volonté d'Anne Geddes est de représenter les bébés dans leur forme la plus pure, pour montrer qu'ils sont "adorables, mais aussi vulnérables, fragiles et précieux". Et si "chacun d'eux est une merveille", son ouvrage est une promesse pour l'humanité et pour l'avenir. --Céline Darner