Mémoires d'un fou - Novembre
Flaubert avant Flaubert, et déjà Flaubert.
Flaubert dans ses vingt ans : pour cela qu'on lui souhaite lecteurs d'aujourd'hui cet âge. Révolte, initiation, furie dans la langue.
Flaubert n'a pas encore fait la révolution qui le mènera à sa propre oeuvre. On sait qu'il faudra cette longue lecture de la premire Tentation de Saint-Antoine à Bouilhet et du Camp, puis le départ en Orient, et là-bas, en Égypte, l'idée de la Bovary.
Ici, ce sont des écrits qu'on nomme, trop facilement, de jeunesse. Mais Flaubert jeune, est-ce que ce n'est pas déjà tout Flaubert? Une passion radicale de l'écriture, la notion de style, le refus artiste du monde. Et la vie a pris sa dîme: les études de droit vite interrompues, c'est le décès de sa soeur Caroline, les crises d'épilepsie, la volonté à tout prix d'imposer une oeuvre.
De Mémoires d'un fou à Novembre, c'est le même dispositif, la même tentative. Elle est nourrie de Hugo, de Byron. Mais sans Byron, est-ce qu'il y aurait la folie propre à madame Bovary, et ce qui la pousse et à la transgression (vis-à-vis de laquelle son amant adultérin, qui n'est pas romantique, fait bien pâle) et sa fin.
Cette gestation qui se prépare, par et dans la langue qu'il lui faudra brisée, nous qui savons notre Flaubert, bien sûr c'est cela qu'on lit. Mais est-ce qu'il n'y a pas à lire aussi ces textes pour eux-mêmes, chemin vers l'oeuvre, l'écriture saisie à bras, sachant que c'est dans cette danse de l'excès, et soi-même poussé à limite, que se fera l'invention? La figure du fou alors est bien moins légère qu'il n'y paraît: folie en soi qu'il s'agit d'abord d'atteindre.
Et nous les aimons, ces phrases de Flaubert avant l'étreinte. Vous savez, la phrase de Proust: Comme nous les aimons, ces lourds matériaux que la phrase de Flaubert soulève et laisse retomber avec le bruit intermittent d'un eÊvateur.
Une seule adresse pour prolonger : le site Flaubert de l'université de Rouen, fondé par Yvan Leclerc, voyage complet.
FB