Mauvais signe
Deux narrateurs : une femme et un homme. La femme, jeune, dure, toujours insatisfaite, collectionne les amants, auxquels elle donne un numéro. Elle est en réalité amoureuse de Marian, un homme riche, fanfaron, insaisissable. Son dernier amant en date, qu'elle appelle 17, est anéanti par les rebuffades de la jeune femme, par sa cruauté. Il travaille dans une banque et a peu de moyens, alors qu'elle aime le luxe, le libertinage, les tensions extrêmes. Il est l'autre narrateur. La femme organise la rencontre des deux hommes. Marian, amusé par les incartades de sa maîtresse, invite son rival sur son bateau. Ils partent en croisière à trois, avec un marin expérimenté, malgré une météo menaçante. Une violente tempête les surprend, les caractères des uns et des autres se dévoilent et s'affrontent. Quand les eaux se calment, le marin est mort noyé, le voilier est démâté, les survivants brisés. Plusieurs années passent. La femme, finalement mariée à Marian avec qui elle vit en Italie, fait revenir 17 pour poursuivre le marivaudage au su de son époux. 17 ne supportera pas longtemps les humiliations et les frustrations qu'elle lui fait subir, malgré des moments d'abandon délicieux et rares. Des années plus tard, elle reprend contact avec lui, le supplie de revenir la voir : veuve, elle a consacré ces dernières années à soigner Marian devenu aphasique, pour découvrir à sa mort qu'il ne lui laissait rien. C'est une vieille femme que Marian retrouve, soumise, repentante, toujours belle. Bernard du Boucheron nous offre encore une fois un roman cruel et affûté, d'une froideur et d'une dureté extrêmes. Dans un style sec, implacable, Bernard du Boucheron exhibe les passions les plus sordides de ses personnages, sans craindre d'affronter la laideur, la mesquinerie, la méchanceté humaines.