Mater la divine garce
La lecture de Pitol suppose une constante méfiance envers notre capacité présumée à déchiffrer les énigmes de la vie. Par exemple, ce que nous appelons "méprise". Car le lecteur pressé, qui sous-estime la nature fondamentale de la méprise dans les romans de Pitol, risque fort de se tromper. Ce que je veux dire, c'est que la méprise dont parle Pitol n'est pas, loin s'en faut, le simple malentendu qui ne laisse pas de traces dans l'existence et qui, surtout, peut être éclairci. La méprise chez Pitol est "quelque chose" qui se charge de significations imprévues au cours de son développement, ce "quelque chose" dont parlèrent les présocratiques, qui fut cultivé par les hommes du Baroque et touche à la nature des choses. Elle ne peut être qu'interprétée, de même qu'on interprète le signe d'un oracle, ou dévoilée par la liturgie sans canons de l'écriture littéraire." Antonio Tabucchi.