Marche blanche
C'est déjà arrivé. J'ai lu mille choses comme celle-là. Une fille vient sonner chez ses parents dix ans après sa disparition. Elle leur lance : Vous me reconnaissez ? Et la vie reprend. [...]Les miracles arrivent quand il n'y a plus d'espoir.»
Dix ans après la disparition de leur fille Hortense, alors âgée de quatre ans, Carl et sa femme vivent toujours dans l'ombre terrible de ce drame. Des marches blanches ont été organisées, l'enquête se poursuit sans résultats. Carl voit avec inquiétude se dégrader l'état mental de son épouse, qui semble discerner partout des preuves que sa fille est encore en vie. Ces troubles de la raison vont se précipiter avec l'arrivée de nouveaux voisins dans la maison d'en face. Géraldine et Bertil ont deux enfants, Ludo et Hélène. Hélène a quatorze ans, e¬tement l'âge qu'aurait Hortense ; elle a une petite cicatrice sur la lèvre qui correspond à celle qu'avait la fillette. Il n'en faut pas plus pour que la mère se persuade qu'il s'agit de sa fille.
Ce roman, à la fois haletant et glaçant, est d'une extrême efficacité dans la description de la folie qui étend son empire sur l'esprit de la narratrice. Le délire logique de cette femme, le jugement implacable qu'elle porte sur son mari, sur son entourage, sur le monde et la vie (et assez peu sur elle-même) jettent un trouble profond dans l'esprit du lecteur. Ce roman d'une grande justesse psychologique ne résonnerait pas aussi violemment en nous sans le style très singulier et puissant de Claire Castillon, qui impose de bout en bout son charme vénéneux.