Magie du livre : écrits sur la littérature
Les écrits de Hermann Hesse sur la littérature ont été rassemblés par le second fils de l’écrivain, Heiner Hesse, et édités en deux volumes en 1970. Parti à la recherche des articles publiés par son père sur une période qui s’étend de 1900 à sa mort, en 1962, il découvrit dans une soixantaine de journaux et revues plus de 3000 contributions consacrées à la littérature et n’en retint qu’un dixième.
L’image que l’on avait en Allemagne d’un Hermann Hesse solitaire et vivant hors du temps, évitant toute forme de relation avec ses contemporains, va s’en trouver bouleversée. Pendant une soixantaine d’années Hermann Hesse prend une part très active à la vie littéraire de son temps. Exerçant ce qu’il a appelé lui-même une "critique positive" ou une "critique par amour", il observe, recense, éclaire, explique, se donne pour tâche de faire lire, ne s’intéresse qu’à des écrivains et des œuvres dont il peut se sentir, sur le plan spirituel et artistique, solidaire.
L’autre image que ces textes vont détruire est celle d’un "romantique de la troisième génération" qui persisterait à camper sur ses positions, à ignorer les tentatives et les recherches, sur le plan littéraire, les plus audacieuses de son temps. Il n’est pour s’en persuader que de lire l’article que Hermann Hesse consacre à l’Expressionnisme ou l’amusant dialogue platonicien qui traite de la Nouvelle tonalité. Par ailleurs, les choix de l’écrivain font preuve d’une toujours très grande liberté de jugement et d’un éclectisme jamais démenti avec le temps.
On ne peut, en définitive, que s’étonner devant l’extraordinaire activité du lecteur que fut Hermann Hesse ! Il semble avoir tout lu de ce qui s’est publié de littérature allemande ou traduite en allemand pendant plus de soixante ans. Et en dépit de toutes les épreuves rencontrées, de tous les revers essuyés au cours de sa vie d’écrivain, Hermann Hesse n’a jamais perdu sa foi dans le livre et c’est une véritable leçon d’humilité et de courage qu’il donne, dans ces pages, à d’autres lecteurs, tentés comme lui, au détour du chemin, de renoncer