Les enfants de Saturne
Le Prince de Ligne partagerait-il quelques états
d'âme avec Hamlet et Romain Gary ? Chamfort et
Brummell avaient-ils beaucoup à se dire ? Le Baron
Denon aurait-il pactisé avec Stendhal contre le som-
bre Benjamin Constant ? Et fallait-il imposer un
nouveau rendez-vous à des frères ennemis - Berl et
Drieu la Rochelle, Hemingway et Fitzgerald - qui,
de leur vivant, s'étaient déjà trop fréquentés ?
Si, dans ce livre, je les ai pourtant tous convo-
qués, puis mêlés, c'est parce qu'ils forment, ensem-
ble, une tribu qui ne m'est pas étrangère. C'est aussi,
peut-être parce que mon existence a souvent, par
l'imagination, beaucoup emprunté à la leur que ces
enfants de Saturne sont devenus des compagnons
dont je ne saurais me passer - et auxquels je dois de
curieuses aventures.
Tout cela en fin de compte, a pris l'allure d'une
galerie où j'aurais prélevé, ici et là, les fragments
contradictoires d'un autoportrait. Comme si, égaré
entre la mélancolie de l'un et l'allégresse de l'autre,
j'avais tenté, en me dissimulant, de ficex certains
aspects de moi-même et de mes plus chères illu-
sions.
J.P.E.
4e de couverture