Les carnets secrets de la Cagoule
Mystérieuse cagoule. Si mystérieuse qu'aujourd'hui encore devant l'absence d'archives, de documents officiels (la plupart des dossiers de police et d'instruction ont été pillés ou simplement épurés pendant la Seconde Guerre mondiale par d'anciens Cagoulards) et surtout devant le truquage des pièces fournies aux divers interrogatoires d'avant-procès, devant les faux témoignages, les repentirs, les aveux extorqués et repris, les alibis fabriqués, les dénonciations, les soutiens politiques et militaires, journalistes, écrivains, historiens, en sont à s'interroger sur la réalité de ses actions de commando ou de plastiquage, l'organisation interne du mouvement, son financement, son armement, ses relations avec les fascismes italien, espagnol, allemand...
La Cagoule - organisation secrète d'action révolutionnaire - fondée en 1936 par des membres dissidents de l'Action française, déçus et irrités par "le manque de combativité" du vieux mouvement royaliste et nationaliste, devant " la montée et les dangers" du Front Populaire et du communisme, avait son chroniqueur quotidien et, jusqu'à la publication de ce livre, chacun l'ignorait.
Les Carnets d'Aristide Corre (DAGORE pour la Cagoule) contiennent la plupart des secrets de I'organisation terroriste. Comment imaginer que celui, sans qui sans doute, le fondateur Eugène Deloncle, n'aurait rien entrepris, ait pu commettre l'imprudence de confier chaque jour à des cahiers : notations, réflexions, commentaires, informations concernant les crimes et les objectifs de la Cagoule. Assurément, nul homme n'aurait été plus mal choisi pour occuper le poste de chef du Deuxième Bureau, chargé du renseignement et de la mise en place des actions de l'organisation. Ce besoin décrire - noir sur blanc - qui est refusé à tout agent secret, Dagore allait se montrer incapable de le réprimer et, lorsque le policier Jobard perquisitionnera chez lui, les carnets reliés - racontant tout ou presque tout - seront là, bien rangés à quelques centimètres du bout de son nez, sur les rayons de la bibliothèque.
II est vrai que la police a des excuses de ne pas avoir poussé plus loin ses investigations, elle venait de trouver chez Dagore une grande liste d' "abonnés" de IO.S.A.R., ce qui permit, indicateurs infiltrés aidant, de mettre pratiquement fin à l'organisation.
C'est par hasard que Christian Bernadac a retrouvé les précieux carnets secrets d'Aristide Corre et a décidé de les publier et de les présenter en les commentant.
La vie d'Aristide Corre, telle qu'il la raconte sans rien cacher ni de son action, ni de ses amours, est un document humain qui révèle un personnage hors série que les tumultes de l'action révolutionnaire révèle souvent dans des époques troublées.