Les caractères de Théophraste
Introduit à la cour et dans la société des Condé à Chantilly, La Bruyère s'amusa à croquer nobles et courtisans pauvres, et riches. Il caricature avec incision et humour l'hypocrite, le flatteur,
le rustre, le complaisant, l'avare ou l'orgueilleux, la coquette ou le célèbre distrait. Le succès fut considérable, car le public mit un nom sur chaque personnage. Mais ces portraits avaient un autre but : celui de définir l'honnête homme, l'homme de mérite personnel qui ne joue pas un rôle dans un monde factice, « qui se fait valoir par des choses qui ne dépendent pas des autres mais de lui seul ou renonce à se faire valoir». « Si La Bruyère, nous dit encore Pierre Sipriot, s'en prend à la cour, aux grands et aux riches, c'est moins pour les mépriser, se donner un air de supériorité que pour regretter que tout ce qui fascine cette cour méconnaisse ce qui est vrai, essentiel dans l'homme et qui y est caché. » Otez perruques et rubans à ce chef d’œuvre du XVIIIe siècle, les mêmes caractères se rencontrent à notre époque.
Source : Le Livre de Poche