Le sommeil de l'esclave
Présentation
4ème de couverture
Le narrateur, on le devine, revient aux lieux de son enfance - une ville du Maroc où il est né dans les années qui suivirent la décolonisation. Ce voyage dans les souvenirs est l’occasion d’évoquer des silhouettes tour à tour cocasses et pathétiques : Madame Kolomer, la veuve d’un sous-officier français qui s’accroche aux restes dérisoires de ses splendeurs passées, Milouda, la « mère blanche » et le Fqih, parents du narrateur et notables vénérés, le porteur d’eau, surnommé l’Allemand parce qu’il est albinos, et bien d’autres, colorés, volubiles, campés dans leur singularité et « types » éternels.
Et surtout, pour l’enfant, au centre de la maison opulente de la médina, il y a Dada, l’esclave noire achetée il y a bien longtemps aux hommes bleus qui l’avaient razziée avec s’on tout jeune frère. Dada qui s’enfonçait la tête dans le sable pour ne pas entendre les cris de l’enfant violé par le chef caravanier, Dada qui vit et rêve immergée dans les mots simples qui disent la terre, le feu, l’odeur du chèvrefeuille, le goût des graines de tournesol, Dada qui ne pourra que tuer l’enfant né des visites nocturnes du Fqih et qu’on veut lui arracher comme lui fut arraché autrefois « P’tit frère ».
Il y a un réel talent dans ce premier récit où, sous la poésie prenante du conteur et la tendresse du souvenir, affleure la dénonciation d’un monde qui refuse le droit d’exister et d’aimer à ses humiliés et offensés.