Le mirador
Elisabeth Gille avait cinq ans lorsque sa mère, la romancière Irène Nemirovky, fut déportée à Auschwitz. Aujourd'hui, elle s'assied à la table d'Irène, et prend la parole en son nom pour en finir avec l'absence, pour que resurgissent les mots, les bruits et les odeurs d'un passé dont elle ignore presque tout. Ainsi transforme-t-elle, en ces "mémoires rêvées", les cauchemars d'une enfant à jamais privée de ses parents par la barbarie.
L'enfance d'Irène, dans la bourgeoisie juive de Kiev, la Révolution russe, la fuite. Et c'est Paris, où la famille Nemirovsky mène le vie facile et joyeuse des exilés fortunés. Paris, où Irène fera ses débuts en écriture. Découverte, publiée, lancée dans les milieux artistiques, la jeune femme, mariée et mère de deux petites filles, voit s'ouvrir pour elle, malgré la sourde rivalité et égoïste, le plus joyeux des destins. Ses romans, toujours écrits en français, et notamment David Golder, L'affaire Couriloff (1939), Le bal, qui fut adapté au cinéma avec Danièle Darrieux, Le vin de la solitude, Les chiens et les loups, lui apportent la gloire littéraire.
Mais une fois encore, le monde bascule. Ceux qui adulaient Irène, la fêtaient, se détournent lorsque revient la longue nuit de la haine. C'est l'exode et la déportation.
Sa fille cadette avait cinq ans. Cinquante ans plus tard, l'enfant devenue femme ponctue le destin d'Irène d'éclats de conscience.
Pour rendre à sa mère"sa vie ensoleillée, avant que l'ombre ne descende."
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Elisabeth Gille est née à Paris en 1937. Toute sa carrière s'est déroulée dans l'édition. Elle est aujourd'hui directrice littéraire des Editions Julliard. Le Mirador est son premier livre.