Après son retour de déportation à Buchenwald, Jorge Semprún devient un communiste clandestin en Espagne. Il observe une stricte discipline jusqu'au jour où il ne peut plus approuver les orientations politiques de son parti. Il subit alors la privation de ce qui avait constitué, pendant presque vingt ans, sa raison de vivre : la poursuite du combat antifasciste, qui fut aussi une certaine manière de tenir à distance la lourde expérience du camp. Dès lors, il entre en écriture pour inventer un moyen de transmettre cette mémoire revenue en force car, en réalité, il est impossible de retrancher de votre mémoire l'univers concentrationnaire. Celui qui a survécu se trouve désormais face à l'obligation de dire pour assurer la nécessaire transmission. Telle est la source des cinq romans rassemblés ici. Ils sont accompagnés par des essais portant sur les camps au XXe siècle, sur le totalitarisme, qui donnent le contrepoint indispensable à l'écriture de la mémoire.

Ce volume contient — Le Grand Voyage (1963) • L'Évanouissement (1967) • Quel beau dimanche ! (1980) • L'Écriture ou la vie (1994) • Le Mort qu'il faut (2001), suivis d'annotations originales. Articles, préfaces et essais : « Le fascisme » • Nous autres (Zamiatine) • Un monde à part (Gustaw Herling) • « L'arbre de Goethe » • « Mal et modernité » • « Une tombe au creux des nuages… » • « Ni héros ni victimes Weimar-Buchenwald » • « L'expérience du totalitarisme » • « L'équipée fraternelle » • « Goulag », etc. Vie & Œuvre illustré.