Le Vif du vivant : Picasso carnet de 1964

Lydie Salvayre

Le Vif du vivant : Picasso carnet de 1964
125 pages
Popularité
Popularité du livre : faible
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PICASSO ouvre les yeux peureux des hommes d'aujourd'hui dont les paupières se referment aux moindres surprises du regard, les yeux de ceux chez qui le refus entêté de percevoir la beauté aussi bien que l'horreur s'est mué dès longtemps en habitude d'être. Il ouvre leurs yeux obstrués sur la jouissance et sur la vie dont ils se sont désaccoutumés, la jouissance et la vie qu'il peint mieux que personne en pariant sans défaillir sur leur irréductible contamination." Contaminée est en effet Lydie Salvayre, toute au plaisir de sa bouleversante rencontre. D'égale à égal, on la sent tour à tour, séduite, amoureuse, fascinée, moins par le maître que par l'homme. Peut-être en raison de leurs origines communes, elle nous le présente comme son frère en révolte à travers leurs exaspérations partagées. C'est le peintre par la voix de l'écrivain, et c'est aussi la femme et l'homme qui s'indignent ensemble contre le "monde suicidé", contre le labeur, contre la mort.

Mais si Lydie Salvayre aime Picasso, on comprend que c'est bien plus encore parce qu'il est pour toutes les provocations, pour toutes les jouissances, pour tous les plaisirs, pour toutes les forces de vie. Femme, elle sait l'accueillir, malgré sa légendaire vulgarité de ruffian parce qu'il a su peindre les femmes "plus vivantes, plus fiévreuses et plus folles que jamais", écrivain, elle l'admire d'avoir pris "le seul risque vers lequel il vaut la peine d'aller, celui de vivre et de créer.

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