Le Capitan - L'Héroïne
Michel Zévaco (1860-1918) est né à Ajaccio. Ses débuts dans la vie sont turbulents : après un passage dans l'enseignement, il s'engage dans l'armée et tire de cette expérience son premier roman à succès, Boute-Charge (1888).Collaborateur du journal anarchisant de Jules Roque, L'Egalité, Zévaco devient un écrivain militant. Fondateur de syndicats, candidat à différentes élections, pamphlétaire qui tâte de la prison, il se bat sur tous les fronts : contre l'ordre moral, le ministre de l'Intérieur, les Jésuites.C'est dans la presse, sous forme de feuilletons, que paraissent la plupart de ses romans. Ainsi, La Petite République, journal socialiste publie Borgia, Tréboulet, Le Pont des soupirs, le début des Pardaillan. Le succès aidant, il entre au Matin, journal bourgeois, où il est, avec Gaston Leroux, l'auteur le mieux payé de l'époque (un franc la ligne). C'est là qu'il publie la suite des Pardaillan (à partir de 1902), Le Capitan (1906), Nostradamus (1907), et L'Héroïne (1908).Le Capitan et L'Héroïne font revivre une époque chère à Victor Hugo, Vigny et Dumas : celle de Richelieu, de Cinq-Mars et de Marion Delorme.A l'arrière-plan, nous voyons défiler Marie de Médicis, Anne d'Autriche et le jeune Louis XIII. Grâce aux aventures amoureuses du Capitan et de l'Héroïne, nous entrons dans les amours de la royauté et pénétrons dans les cercles de la Cour où les passions de la chair se mêlent étroitement à celles du pouvoir.Si pour ses romans de cape et d'épée Zévaco est le digne successeur de Dumas, il se distingue néanmoins de ce dernier par le caractère politique de ses récits. Chacun de ses personnages incarne une idée, joue un rôle déterminé. Sous le masque de l'histoire, c'est le révolté qui avance, voire le libertaire. C'est ce qui faisait la joie de Sartre, qui, dans Les Mots, évoque avec tendresse et humour ses souvenirs de Zévaco.