Le Baiser de la Nourrice
La Ville - la Ville toujours sombre - est noyée de brouillard et livrée aux barbares et aux chiens. Ses habitants se terrent. Mais qui sont les barbares et qui sont les chiens ? Dans la Ville, dont le tyran est un enfant, une monstrueuse mystification est à l'œuvre. Azert, petit fonctionnaire obnubilé par l'éclat de ses chaussures, est occupé à des tâches honorables. Son destin bascule après sa rencontre avec le Maître de la Ville et son ascension fulgurante le conduit à exécuter ses nouvelles tâches de tortionnaire avec la même application que ses précédentes fonctions. Christian Chavassieux revisite dans "Le Baiser de la Nourrice" le thème de la naissance du bourreau, à mi-chemin entre la théorie sadienne (" il avait pris le parti de jouir du mal fait aux autres ") et l'interrogation de Kafka : " pourquoi n'y aurait-il pas un bourreau qui sommeille en tout honorable fonctionnaire ? ". Avec son écriture dense, parfois oppressante, parfois ponctuée d'humour noir, ce roman décline, dans une implacable logique de tragédie grecque, le rapport ô combien ambigu du plus commun des mortels à la mort et au pouvoir.