La transparence impossible
Ces aphorismes sont tirés du cinquième volume des oeuvres complètes d'Arthur Schnitzler et font suite au premier recueil déjà publié en français dans cette collection sous le titre Relations et Solitudes. Schnitzler pourrait être un rebelle. Mais il est trop viennois et trop homme de théâtre pour ne pas savoir que les masques ne cachent pas de vérités. Anatomiste du couple, pourfendeur des hypocrisies sociales, il ne se fait pas d'illusions sur la nature humaine. Se méfiant de tout, même de l'intelligence - qui n'est souvent qu'une forme de bêtise il se méfie aussi de lui-même, du rôle qu'il se fait jouer. Le point d'appui se dérobe. La morale vacille dans l'absurde du dédoublement chronique. Bien que la première personne du singulier soit bannie, on sent - et on sait - que l'observation des autres passe par l'observation maniaque de sa propre conscience, et c'est avec une joie sacrilège qu'il déterre les mânes de ses innombrables contradictions. Honnête homme et libertin, épris de liberté et possessif, tourmenté et frivole, il sait la transparence impossible.