La plus grande pente
De Caracas au port de La Guayra, il y a 223 virages pour quarante kilomètres de parcours.
Tous les jours, deux cents camions descendent vers la mer chercher les marchandises indispensables à la vie du pays.
L'entreprise n'est rentable qu'à raison de deux voyages quotidiens et Henri n'aurait pas tenu le coup sur son Fargo sans l'aide du péon noir Domingo.
Rude existence, que le débarquement d'une flotte de Fiat conduits par des fascistes italiens rend soudain encore plus précaire : les gros Fiat s'arrangent pour bloquer la route et, la route barrée c'est la misère pour les autres camionneurs.
La lutte à mort qui s'engage sur les rampes vertigineuses est le thème du récit qui donne son titre au recueil.
Si "La Plus Grande Pente" est d'inspiration autobiographique, c'est bien encore Georges Arnaud qui nous parle des Tropiques sous l'ironique travesti du langage juridique dans Exploit d'un huissier qui constata les Amériques.
Est-elle vécue ou inventée la blague féroce de "L'lle de la Tortue" du pirate Morgan ? Imaginaires les hâbleries que relatent "Les Enfances de Jimmy" ? Portrait ou fiction, elles portent la marque du même humour noir, de la même sensibilité à vif qui dictent à l'auteur les déboires des "Nuits d'un chef-comptable" et viveur malchanceux, le calvaire de qui veut gagner son pain évoqué dans "Une Heure avec Andréas Aalborg" ou encore l'anticipation vengeresse et désabusée du "Voyage-en-ville".
Source : Le Livre de Poche, LGF