Il y a des acteurs bavards, dont on connaît tout. Qui s'affichent régulièrement en première page des magazines. Et ceux, pudiques, dont la présence se fait rare, précieuse.

Jean-Louis Trintignant est de ces derniers. Sa discrétion fait de ce recueil d'entretiens un moment rare, intime.

Et une occasion – unique – de revenir sur ses années de cinéma, de théâtre, de passions. Le récit, simple, débute à Uzès où s'est installé l'acteur et s'achève sur le "dur chemin qui mène au bonheur".

Entre les deux, Jean-Louis Trintignant évoque son parcours de comédien, marqué par la recherche, le doute et l'exigence ("Il faut oser, ne pas se contenter de ce qu'on fait facilement"), mais aussi ses rencontres professionnelles : sa période italienne (Bertolucci, Risi ou Comencini) et sa carrière française, immense et hétéroclite, marquée par Chabrol ou Costa-Gavras… et des films mythiques comme Et Dieu créa la Femme et l'incontournable Un homme et une femme.

Que de femmes : celles de l'écran et celles de sa vie… à peine évoquées, pudeur et timidité obligent. Ainsi passent l'ombre de Stéphane Audran, de Nadine ou de Marianne, sa compagne actuelle. Et le fantôme de Pauline, sa fillette disparue.

Seule concession au "bavardage" : son amour pour sa fille Marie. L'homme, derrière sa carapace de grand timide, est un engagé total et paradoxal, un passionné de l'art, de la poésie et des hommes.

De la course automobile aussi. Du vin, beaucoup. Et de la nature. Quand il parle de la mort, c'est pour rendre hommage à la vie : "Vivez bien ! Soyez heureux : Ne vivez pas une vie de devoirs et de soumissions !" Ces 166 pages confirment ce qu'on pressentait déjà : ce grand bonhomme faussement distant est un monstre sacré