La mort cannibale
Florence, de nos jours. La perle de la Toscane est en émoi : d'abri romantico-érotique, la nuit est devenu un piège fatal pour les amoureux traqués par un monstrueux criminel qui tient davantage du prédateur sauvage que de l'être humain. Quatre couples ont déjà été assassinés selon un mode opératoire atroce et qui semble rituel. Entre autres horreurs, les malheureux sont méthodiquement torturés, violés et amputés de parties de leurs corps qui servent ensuite de repas au tueur. Et ce tueur raconte ce qu'il considère comme son art, jusqu'à ce qu'on lui attribue un cinquième assassinat correspondant en tous points aux quatre premiers. C'est agaçant. Le monstre se questionne. A-t-il un disciple ? Un plagiaire ? Un concurrent ? Le duel a déjà débuté... Cette variation sur le thème du tueur et son double a été inspirée à l'auteur par la terrible affaire ? bien réelle celle-là ? du monstre de Florence, un des seuls serial killers européens. Directeur du journal florentin La Nazione, Umberto Cecchi a été marqué par les conséquences épouvantables de ce fait divers pour quelques-uns de ses concitoyens accusés ou emprisonnés à tort, suicidés ou brisés à jamais par ces crimes à répétition dont beaucoup s'accusèrent. Même si l'on ne sait trop distinguer le réel de la fiction, la préface du livre, à ce titre, est proprement hallucinante. Le récit est très bien mené, au travers de personnages complexes (enquêteur obstiné et avocat pervers, entre autres) et de thèmes troublants comme celui du manque d'amour qui, en atteignant son paroxysme, mènerait tout droit au crime et à la cruauté. Un récit extrêmement subtil et déstabilisant, très original dans l'univers éculé des histoires de crimes en série. --Bruno Ménard