L'esclave reine
L’Afrique fut le décor privilégié des aventures contemporaines de nombre de héros de Rider Haggard. Dans ce cadre qu’il connaissait bien, il eut l’idée de transférer des civilisations disparues et miraculeusement protégées par leur isolement, telles celles de l’Assyrie ou de l’Égypte pharaonique.
L’Égypte domine, dès 1886, tout le superbe cycle de She que les lecteurs de cette collection connaissent bien. Mais la Civilisation Égyptienne est aussi ressuscitée à des époques différentes dans plusieurs ouvrages et singulièrement dans l’Esclave Reine (Moon of Israël, Taies of Exo-dus), une histoire de l’Exode, qui a pour cadre l’Égypte pharaonique en conflit avec les tribus israélites réduites en esclavage.
La bible joue donc dans ce récit savamment équilibré entre le romanesque et les Écritures, un rôle historique non négligeable. De plus, dans le même temps que se déroulent les prémices de l’Exode, avec tout ce qu’elles ont d’extraordinaire, l’auteur expose une thèse concernant le pharaon inconnu de l’époque des dix plaies de l’Égypte, pharaon toujours désigné par son titre de Dieu vivant, et jamais sous son nom véritable oblitéré définitivement de la mémoire des hommes pour la somme d’aveuglement que lui infligea I’Éternel, d’ont il fut le meilleur instrument du départ du peuple élu.
Mais ce qui intéresse l’écrivain c’est plus la passion qui rapproche deux êtres que tout sépare, la race, les coutumes et les dieux, que ce cadre qu’on ne peut altérer puisque fixé à jamais dans la référence biblique.
Aussi l’amour du pharaon Séti pour Mérapi, Lune d’Israël, amour partagé en ce monde, domine le temps comme l’œuvre du grand Rider Haggard, et nous tient en haleine, plus que le prévisible côté biblique de cette fantastique histoire.