L'Homme apparaît au Quaternaire
Si on est un retraité, si on vit seul dans un petit village du Tessin, si, parce que la pluie tombe sans arrêt depuis des jours, les communications sont coupées, que fait-on ? M. Geiser a résolu le problème à sa manière. Les quelques livres dont il dispose, notamment une bible et une encyclopédie, l'instruisent et lui rafraîchissent la mémoire. Une mémoire défaillante. C'est pourquoi il découpe ce qui l'intéresse et le colle au mur. Il y a de tout sur ces bouts de papier : géologie, zoologie, histoire, tourisme, anatomie. Toutefois, ces zones d'intérêt si variées ont un dénominateur commun : l'angoisse.
Tout l'art de Max Frisch est fait d'allusion et de litote. Les faits et gestes de son personnage, ses réflexions et ses petites manies forment comme une pellicule sous laquelle transparaissent la déchéance de la vieillesse et la peur de la mort. Ce livre simple et d'une cruelle vérité est l'œuvre d'un grand écrivain, qui sait tout dire en peu de mots.