L'Arche de Noah
Il fait très chaud à New York cet été 1947. Noah a seize ans, il arrive de Pologne, il est le seul survivant de Cracovie, il vit chez sa tante, à Brooklyn, il cherche un professeur d’anglais. C’est Davita Dinn qui lui répond. Elle est à peine plus âgée que lui. Ils se mettent d’accord pour deux cours à cinq dollars par semaine.
Il boite un peu, il transpire en écrivant, il tremble, il a du mal à prononcer les mots anglais, il dit d’un air triste : « Tellement à apprendre ».
Il a l’air perdu et découragé.
Pourtant, Noah a fait quelque chose d’extraordinaire dans sa vie. Il n’est pas encore prêt à en parler, même s’il en éprouve le besoin. Il peut seulement dessiner pour Rachel, cinq ans, la petite sœur de Davita. Sa maison d’abord. Puis les alentours, un pont, une rivière, une synagogue, une église. Tout le monde est admiratif de son coup de crayon. Alors Noah prend confiance en lui. Ses souvenirs sont encore plus beaux, encore plus précis, encore plus riches que ses dessins. Bientôt, il sera capable de les raconter de sa voix douce.
Ce roman est le premier récit d’un recueil de trois textes paru aux Etats-Unis sous le titre « Old Men at Midnight ». Le deuxième récit (« The War Doctor »), dans lequel on retrouve le personnage de Davita, est publié en France aux Editions Buchet-Chastel sous le titre « Docteur Rubinov ».