I.N.R.I.
L'incarnation du Verbe a annulé, il y a deux mille ans, l'interdiction biblique de représenter la figure humaine. Répondant aux iconoclastes, en 787, le IIe concile de Nicée déclare : "Nous définissons que, comme les représentations de la Croix précieuse et vivifiante, les vénérables et saintes images aussi, qu'elles soient peintes, en mosaïque ou de quelque autre matière appropriée, doivent être placées dans les saintes églises de Dieu, sur les saints ustensiles et les vêtements, sur les murs et les panneaux, dans les maisons et les chemins."
De là, l'art du vitrail, de la fresque et de huile, tout l'art occidental, sacré et profane, et, indirectement, jusqu'à la photographie.
Comment représenter Jésus aujourd'hui à l'aube du XXIe siècle ? Comment illustrer sa vie, ses actions, son enseignement avec des moyens actuels,dans le monde qui nous est familier, de façon à les placer dans un rapport d'immédiateté, c'est-à-dire, paradoxalement, pour leur donner un aspect intemporel en accord avec le mot des Evangiles : "Je suis avec vous pour toujours, jusqu'à la fin du monde." ?
Nous appuyant sur une relecture des textes, puisant aux sources tout en essayant de mêler les faits aux gloses qu'ils ont suscitées, comme s'ils appartenaient ensemble à ce temps indéfini qu'est le présent et qu'on les découvrait pour la première fois, nous nous sommes contentés, en vérité, de suivre l'exemple des artistes du passé qui n'hésitaient pas à transposer dans leur siècle les épisodes de l'histoire sainte, leur donnant volontiers pour décor un faubourg de Florence.
Serge Bramly et Bettina Rheims