Hippias mineur
On accuse Socrate de corrompre, par son art du dialogue, la jeunesse athénienne. On lui reproche de détourner les jeunes gens des opinions communes et de mettre ainsi en question les pouvoirs traditionnels. Platon raconte dans son Apologie le procès au terme duquel son maître fut condamné à mort. Il rapporte la manière dont celui-ci, refusant de recourir au service d'un professionnel de la persuasion, prit en main lui-même sa défense. En choisissant de faire de sa plaidoirie un plaidoyer pour la philosophie, Socrate savait qu'il se condamnait. Refusant de renier la pratique qui donna sens à toute son existence, il préféra mourir en accord avec lui-même. Cette attitude courageuse marqua les esprits. Elle reste aujourd'hui encore la figure fondatrice qui rappelle au philosophe le sens de sa vocation. S'"il faut se rappeler Socrate", comme l'écrit Merleau-Ponty, c'est pour se souvenir que le choix de penser n'est pas celui, intellectuel, d'acquérir des savoirs, mais celui, éthique, de cheminer librement et d'aller jusqu'au bout d'une quête de sens. --Émilio Balturi