Guerres froides
Un vieux bourru, un amant, un toubib disparu, des parents communistes endurcis, une tannerie familiale créée il y a quelques siècles. Telle est la vitrine mise en place dans Guerres froides. Une vitrine ou plutôt des façades. Et derrière ces façades ou ces cloisons, qui sont faites pour être abattues un jour, d'autres réalités glissant vers le cauchemar, les obsessions. En découvrant donc une peau humaine, tannée et fixée contre une paroi, Louise se voit confrontée brutalement aux aspérités familiales, aux dits et non-dits, aux doutes, aux suspicions, à la culpabilité. Avec un sens du drame et de la dramaturgie, égal à L'?il du barbare, son précédent roman, l'auteur fouille les mémoires, dissèque les instincts, creuse dans les générations, exhortant les voix emmurées dans leurs convictions et leurs codes jusqu'à l'horreur. Si Guerres froides n'est pas un roman policier, il en revêt des caractères, avec la tragédie en plus. C'est là quelque chose qui serait hurlé doucement. Dicible et incisif, porté par une langue incantatoire, abrupte, où la violence puise sa force dans les ténèbres. --Céline Darner