Gratia

Florence Seyvos

Gratia
91 pages
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Popularité du livre : faible
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Dans la maison aux quarante-trois fenêtres, Gratia fait les poussières, secoue les couvertures, regonfle les oreillers, panse les plaies – du moins le croit-elle – et remonte les réveils de sa patronne.

De son lit qu'elle ne quitte jamais, Mouche, la vieille femme impotente, distille oracles et méchancetés. « Vous êtes épuisée moralement, Gratia, et c'est la mauvaise pente. » Mauvaise pente des mauvaises pensées qui hantent cette demeure : dans l'escalier, on trouve le corps tordu de Martin. Martin, le petit-fils lumineux, est mort. D'autres morts vont suivre, inéluctables. Comme dans les Dix petits nègres d'Agatha Christie, les monologues de Gratia, ses déambulations, chiffon à la main, sont le contrepoint inquiétant de banalité d'une tragédie feutrée.

Pourquoi tous les enfants meurent-ils ? Et Nine, la jeune fille terne de la maison, quel est son rôle ? « II faut que je vous apprenne les limites, dit Mouche, d'autant que je ne suis pas éternelle. »

Ce faux roman policier qui évoque Hawthorne et rappelle, par sa tension et sa maîtrise, Le Grand Cahier d'Agota Kristof, est une fable morale sur la volonté de puissance, ou tout simplement la mort d'une maison. Gratia, pendant ce temps, fait les vitres.

Et Florence Seyvos, de sa voix claire et retenue, dit ce qu'elle a vu.

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