Francis Bacon, face et profil
Il semblerait qu'à peu d'eÎptions près le désir de toucher le fond même du réel pousse Bacon, d'une manière ou d'une autre, jusqu'aux limites du tolérable et que, lorsqu'il s'attaque à un thème apparemment anodin (cas de beaucoup le plus fréquent, surtout dans les œuvres récentes), il faille que le paroxysme soit introduit du moins par la facture, comme si l'acte de peindre procédait nécessairement d'une sorte d'e¬erbation, donnée ou non dans ce qui est pris pour base, et comme si, la réalité de la vie ne pouvant être saisie que sous une forme criante, criante de vérité comme on dit, ce cri devait être, s'il n'est pas issu de la chose même, celui de l'artiste possédé par la rage de saisir. [...] Pour une large part, l'on dirait qu'il mène son travail à la façon dont on court sa chance en souhaitant, certes, le gros lot mais en aimant surtout à la courir, lui qui estime d'ailleurs que l'art de notre temps, faute de mythes capables de le nourrir et de le justifier, ne peut plus être qu'un jeu, que l'artiste se doit seulement d'"approfondir" s'il veut produire quelque chose de valable. " Michel Leiris