Fables de Bosnie
Les deux chasseurs américains décollent de leur porte-avion stationné dans l'Adriatique. Leur mission : survol de la Bosnie, surveillance des fronts, interception de tout appareil violant l'espace aérien. Ils passent en hurlant au-dessus des villages brûlés, tournent autour des camps cachés dans les forêts, décrivent une boucle sur Sarajevo puis rentrent, mission accomplie : aucune activité hostile n'a été détectée dans la zone d'opération. Effectivement, vu d'une carte d'état major, cette matinée fut plutôt calme. Mais les deux avions n'ont pas vu l'essentiel : la folie individuelle qui fait que la guerre a étendu ses batailles dans l'esprit de chacun. Un homme prostré dans une tranchée devenu fou par l'horreur parle à son arme. À Sarajevo les enfants jouent à lancer des cibles aux snippers. La famine s'est installée dans chaque appartement, rongeant la raison de ceux qui avait réussi jusque-là à la garder. Un casque bleu va puiser dans ses dernières ressources nerveuses pour supporter la tension qui règne au check-point. Et partout, les loups ont triomphé. Fables de Bosnie se présente sous la forme de petites nouvelles reliées les unes aux autres par le survol des deux chasseurs américains. T.B.C. a d'emblée choisi les hommes et leur histoire personnelle pour nous faire comprendre l'irrationnel, le cynisme et l'imbécillité de cette guerre terrible. Pour aborder de cette manière un thème aussi incompréhensible que la guerre, il fallait l'avoir vécu. T.B.C. l'a fait. Pour retranscrire cette violence torrentielle, il faut un immense talent. T.B.C. en est doué.