Extinction , un effondrement

Thomas Bernhard

Extinction , un effondrement
Popularité
Popularité du livre : faible
Notes
Note globale
★★★★★
★★★★★
4.93
Note personnelle
★★★★★
★★★★★
0

Brebis galeuse d'une famille attachée à ses traditions, héritier d'un domaine dont il n'a que faire, Murau, le narrateur, rentre au château familial de Wolfsegg, en Autriche, pour enterrer ses parents et son frère, morts dans un accident de voiture.

Dans ce lieu grandiose, aux rites respectés et bafoués à la fois par son père, ancien membre du parti nazi, et par sa mère, maîtresse de l'archevêque Spadolini, haut dignitaire du Vatican, Murau évoque le passé, les souvenirs inquiétants, comme pour se désenvoûter de cet univers oppressant, et " éteindre " définitivement tout ce qui le rattachait encore à son enfance et à sa jeunesse.

Dans cet ultime roman, Thomas Bernhard se livre à une analyse familiale caustique et jubilatoire.

II met en scène les personnages les plus vils et grossiers, sinistres marionnettes dans une tragédie moderne emplie d'amertume.

Se guérir du nazisme, du catholicisme, de l'Autriche, et liquider le passé (« mon récit n'est là que pour éteindre ce qui y est décrit »), par une épuration radicale, telle semble l'intention vitale de Thomas Bernhard dans toute son œuvre, que couronne Extinction.

Dans son dernier roman, l'auteur donne la parole à un narrateur qui n'est pas lui, mais pourtant lui aussi (il se propose même d'écrire Extinction !), un homme de quarante-huit ans qui enseigne l'allemand à Rome et qui, moins d'une semaine après le mariage d'une de ses sœurs, revient en Autriche pour l'enterrement de ses parents et de son frère, victimes d'un accident.

Composé de deux blocs d'environ 250 pages sans paragraphes (Le Télégramme, Le Testament), et scandé par le martèlement impitoyable de répétitions hypnotiques, jusqu'à l'épuisement du sujet, ce texte absolument virtuose, qui joue avec brio sur la temporalité, et les niveaux de discours, se trouve servi par la langue impeccable de la traduction.

De toutes les œuvres de Bernhard, celle-ci est la plus romanesque : un décor fabuleux, un personnage fascinant (l'archevêque) donnent une dimension impressionnante à l'histoire qui finit, dans la description des funérailles, par une sorte de crépuscule des dieux, devenus des marionnettes sinistres sur la scène du monde actuel, où tout s'effondre.

Livres de l'auteur : Thomas Bernhard