Doubles-jeux : Les panoplies, livre III
Dans le roman Léviathan, mêlant réalité et fiction, Paul Auster s'était servi des épisodes de la vie de Sophie Calle pour créer son personnage de Maria. C'était un jeu entre l'auteur américain et l'écrivain et photographe française. Un jeu que cette dernière poursuit à sa manière avec ces Les Panoplies. Il s'agit d'un petit volume de couleur rose, contant deux épisodes singuliers : "la garde-robe" et le "strip-tease". Le premier est celui de cette femme qui rencontre un conférencier mal fagoté et décide de lui faire parvenir, anonymement, à chaque Noël, un vêtement à son goût. Une cravate, des socquettes, un gilet, une chemise, jusqu'à un caleçon à motifs de sapins de Noël. Un habillage qui n'est rien d'autre qu'un déshabillage subtil, fortement suggestif. Le strip-tease, second épisode des Panoplies est celui de la narratrice, coiffée d'une perruque blonde, sur les planches d'une fête foraine à Pigalle. Des photographies en noir et blanc suivent le strip-tease, geste après geste. Des images et des mots drôles, évocateurs, sensuels. Mais l'érotisme de Sophie Calle, loin des prétentions de Catherine Millet, se trouve plutôt dans la manière de voir les choses derrière les choses, en une façon presque impressionniste, à petites touches éclairées, lumineuses. Toujours mutines, coquines. --Céline Darner