Diane dans le miroir
Faire une photo m'a toujours arrachée à mes angoisses en me confrontant à quelque chose qui me dépasse. Je demande même si l'expérience de ce dépassement ne compte pas plus que l'image à mes yeux. Je ne suis jamais la même lorsque je range mon appareil, mon flash et mes objectifs avant de prendre congé.
L'impression que quelque chose d'irréversible a été accompli.
New York, une nuit d’été, la chaleur est étouffante. Dans sa salle de bains, une photographe s’apprête à réaliser un autoportrait. Il lui faut trouver le cadre idéal, caler son Leica, choisir focale et vitesse d’obturation, préparer le déclencheur... Cette photographe, c’est la grande Diane Arbus qui, en photographiant des inconnus dans la rue, des personnages hors-normes – travestis, prostituées, handicapés, nains – a révolutionné la photographie, montrant que ces individus n’étaient pas des « monstres » mais des êtres de chair et d’émotions comme les autres...
Cette nuit-là, Diane semble à bout de force. Cet autoportrait, elle tarde à l’accomplir, comme si elle reculait l’échéance, comme s’il devait être l’ultime… Bientôt il fera jour. Mais auparavant, elle se sera confiée à ce miroir dans lequel elle scrute son visage, au bord de la folie. Revenant sur son enfance, ses rencontres, sa carrière, la sexualité, les difficultés d’argent, la peur de l’abandon…
Avec une sensibilité rare, Sandrine Roudeix se glisse au plus près de Diane Arbus, dans cette salle de bains qui ressemble à un dernier refuge. Lentement, patiemment, elle l’accompagne jusqu’au bout de sa nuit, et livre d’elle un émouvant portrait.
Sandrine Roudeix est romancière et photographe. Elle a déjà publié deux romans, Attendre et Les petites mères.